2019 en Bourgogne
Un millésime coincé entre deux "jolis monstres"....
Pas facile d’exister entre le généreux 2018, solaire, démonstratif, et un millésime 2020 qui fera date par sa précocité, ses équilibres mais aussi malheureusement son rendement très faible.
Mais quels vins !
Marquée elle aussi par des événements climatiques castrateurs de récolte, l’année 2019 a vu gel, grêle, pluie sur la fleur puis sècheresse s’enchaîner sans répit pour les vignerons. 30 à 40% de baisse par rapport à une année normale, tel est en moyenne le débours au moment de mettre les vins en bouteille. Les températures caniculaires se sont plutôt placées en début d’été, les quelques pluies de fin août ont eu un effet salvateur sur la physiologie de la vigne. Les vendanges à partir du 15 septembre se sont déroulées sous un temps relativement clément et assez frais.
La dégustation des 2019 sur fûts est un régal, les vins que nous avons eu l’occasion de goûter sur place offrent une confirmation brillante des échos dans le vignoble.
Chablis et ses vins remarquables
Les Chardonnays de Chablis sont lumineux, conjuguant acidité gourmande, chair et fruit pour un équilibre presque idéal. Là où les 2018 se révèlent riches, opulents, démonstratifs, 2019 offre une palette moins exhubérante mais plus subtile et riche finalement. Comme ailleurs en Bourgogne, on se prend à penser que les rendements très généreux de 2018, évidemment bien reçus après plusieurs millésimes avares, ont quelque peu assagi le fond des vins.
En Côte d’Or, 2019 sent la Bourgogne à plein nez
Les rouges de Pinot Noir approchent en plaisir immédiat et équilibre “Bourguignon” ce qu’on peut rêver de mieux. Ils se livrent avec brio, exprimant à la fois le fruit frais du Pinot, le terroir dont ils sont issus et une concentration magnifique. Un grand millésime se profile, malheureusement réduit en quantité…..
Les Chardonnays sont à peine moins agréables à évaluer, encore au début de leur évolution. Cependant on perçoit toute la tension et l’énergie qui doit les rendre parfaits à terme. Comme pour les Pinots Noirs il est question de concentration plus que de demonstration. C’est à notre avis un indice de grandeur.
En conclusion, la trilogie 18/19/20 sera passionnante à suivre pour de nombreuses raisons. Les vignerons de l’élite Bourguignonne sont arrivés à une perfection technique aussi bien à la vigne qu’au chai (les investissements sont facilités par le prix élevé des vins), les évolutions climatiques futures vont orienter les vins vers une typicité différente. Le Pinot Noir et le Chardonnay vont ils supporter sans risques pour les équilibres une élévation des températures moyennes ? Quelles seront les parades ? Les vendanges 2020 ayant commencé juste après le 20 août, on peut difficilement imaginer des matûrités encore plus précoces….
