2018 en Bourgogne
Un millésime abondamment béni des dieux !
Au moment où les premiers 2018 sont livrés, nous faisons le point sur une année follement excitante.
Dans un environnement en évolution rapide, quelques éléments permettent d’évaluer le caractère des vins et de situer ceux ci dans leur époque.
Les “Climats” sont ils à la merci du climat ? Les changements climatiques ont quelques effets maintenant évidents sur le cycle de production de la vigne.
Les hivers doux provoquent un débourrement précoce, mettant la vigne à la merci des coups de froid d’Avril, les Bourguignons en ont subi les conséquences de façon récurrente et une année sans gelée étendue comme 2018 devient presque anormale dans cette décennie 2010. Les gros rendements du millésime sont d’ailleurs un effet ( naturel et/ou volontaire ) des années précédentes. Le souci important, qui fait s’arracher les cheveux des vignerons et provoque des débats sans fin, est le décalage de plus en plus important entre les dates précoces de maturité physiologique, induites par l’avancée du cycle végétatif et les températures estivales caniculaires, et celles de maturité phénolique. Les Pinots Noirs aussi bien que les blancs Chardonnays sont impactés, et cela a une forte incidence sur les styles des vins.
Quels vins pour la Bourgogne ?
Chaque vigneron a sa propre vision du Bourgogne idéal, les jeunes générations succèdent aux “pères fondateurs” avec des convictions éclairées par leurs propres parcours. La Côte d’Or vit avec ardeur ces remises en question. Comme pour tout autre vignoble prestigieux, les vins y sont scrutés, comparés à leurs pairs. Le niveau des vins mondiaux monte, les challengers sont nombreux et la Bourgogne doit suivre.
Qu’y recherche t’on ? Des vins frais, équilibrés, arômatiquement élégants et à la bouche énergique.
Le vignoble a vécu en 20 ans des bouleversements fantastiques : arrivée de la Bio sur une grande part des meilleurs terroirs, concentration et financiarisation des vignes, changement climatique, mondialisation de la demande et donc augmentation des prix, jeunes vignerons mieux formés et informés sur le monde des grands vins….
On en demande donc plus à cette merveilleuse région !
Alors ces 2018 ?
Coincée entre des années d’accidents climatiques générant des rendements faibles, 2018 a été très généreuse en volume….mais aussi en concentration. L’arrière saison idéale a permis de prendre son temps pour choisir les dates de récolte.
Les vins rouges sont logiquement marqués par cette richesse. Les tanins sont abondants sur les rouges, l’avenir dira si les finales s’arrondissent en laissant la finesse prédominer. A en juger à l’automne 2019, certains producteurs semblent avoir produit des merveilles.
La réussite des blancs est assez irrégulière, les rendements généreux ont dilué les vins. Bien sûr cette tendance générale est à moduler, les vignerons attentifs qui se sont astreints à limiter l’abondance naturelle ont vinifié de très jolies bouteilles. Dans ce cas vivacité et richesse sont présentes !